Remontées capillaires : comprendre leurs causes, mécanismes et conséquences
septembre 23, 2025Quelles solutions existent contre les remontées capillaires ?
Introduction
Les remontées capillaires constituent un désordre fréquent dans de nombreux bâtiments. Elles apparaissent lorsque l’eau contenue dans le sol remonte progressivement par capillarité dans les murs, en raison de la porosité naturelle des matériaux de construction. Ce phénomène, lent mais constant, provoque une série de dégradations : taches d’humidité, salpêtre, cloques de peinture, effritement des enduits, et sensation d’air froid et humide à l’intérieur du logement.
Lorsqu’un diagnostic confirme la présence de remontées capillaires, la question cruciale se pose : quelles sont les solutions possibles ?
En réalité, il n’existe pas de méthode unique valable pour tous les cas. Plusieurs approches sont disponibles et chacune possède ses avantages et ses limites. Certaines relèvent de méthodes dites traditionnelles, car elles nécessitent des interventions lourdes ou des produits chimiques. D’autres, plus modernes, reposent sur des principes physiques innovants et se présentent comme des alternatives non invasives.
Ce guide détaillé présente les principales solutions existantes contre les remontées capillaires. Il explique leur fonctionnement, leurs conditions de mise en œuvre et les précautions indispensables à respecter.
1. Les méthodes traditionnelles
1.1 Le drainage périphérique
Le drainage périphérique est une solution courante dans les cas où l’eau s’accumule au pied des murs. Il s’agit d’installer, tout autour du bâtiment, un système destiné à collecter et évacuer l’excès d’eau présent dans le sol.
Pour cela, une tranchée est creusée au contact des fondations. Un drain perforé est ensuite posé, entouré de graviers et protégé par un géotextile. L’eau ainsi recueillie est dirigée vers un point d’évacuation, comme un puits ou un réseau pluvial.
Ce dispositif a l’avantage de réduire la pression hydrostatique exercée sur les murs. En revanche, il ne supprime pas totalement les remontées capillaires. En effet, même si l’eau est mieux évacuée, le mur reste en contact direct avec un sol humide. C’est pourquoi le drainage est souvent considéré comme une mesure complémentaire, utile pour limiter l’humidité mais rarement suffisante à elle seule.
1.2 L’injection de résines hydrophobes
L’injection de résines hydrophobes est l’une des techniques les plus répandues dans la rénovation des maisons anciennes. Elle consiste à créer artificiellement une barrière étanche dans l’épaisseur du mur, afin d’empêcher la progression de l’eau par capillarité.
Concrètement, des trous sont forés à intervalles réguliers le long de la base du mur. Dans ces trous, on injecte sous pression ou par gravité un produit hydrophobe, souvent à base de résine ou de silicone. Ce produit se diffuse dans le matériau et bloque les capillaires, formant ainsi une coupure horizontale.
Si l’opération est bien réalisée, l’efficacité peut être durable. Toutefois, plusieurs limites doivent être soulignées. L’injection dépend fortement de la porosité du matériau. Les murs très hétérogènes ou les pierres trop compactes rendent parfois difficile la diffusion du produit. De plus, la qualité de l’application est déterminante : un forage mal aligné ou une injection incomplète réduit l’efficacité.
Ainsi, l’injection est une méthode éprouvée, mais qui demande une mise en œuvre rigoureuse.
1.3 La coupure de capillarité par sciage ou insertion
La coupure de capillarité est une technique plus radicale, qui vise à supprimer physiquement le contact entre le mur et le sol. Elle consiste à pratiquer une saignée horizontale à la base du mur, puis à y insérer une barrière étanche, souvent une feuille en inox, en bitume ou en polyéthylène.
L’avantage de cette méthode est son caractère définitif. En effet, la barrière mécanique bloque totalement la migration de l’eau. Cependant, la réalisation est lourde et coûteuse. Elle nécessite de travailler directement dans la structure porteuse, ce qui comporte des risques pour la stabilité de certains murs anciens.
De ce fait, cette technique est rarement utilisée en rénovation courante. Elle reste plutôt réservée aux constructions neuves, où la coupure de capillarité peut être intégrée dès la conception du bâtiment.
1.4 Les enduits et mortiers de rénovation
En complément d’autres solutions, il est possible d’appliquer des enduits spécifiques sur les murs touchés par les remontées capillaires. Ces enduits, souvent à base de chaux ou constitués de mortiers dits “macroporeux”, sont conçus pour résister à l’humidité et favoriser l’évaporation de l’eau contenue dans la maçonnerie.
Ils améliorent l’aspect esthétique des murs et limitent l’apparition de taches. Toutefois, il ne faut pas les considérer comme une solution autonome. Ils ne suppriment pas les remontées capillaires mais permettent seulement de gérer leurs manifestations visibles.
Ainsi, les enduits de rénovation sont utiles pour protéger les finitions et améliorer le confort, mais doivent impérativement être associés à une autre technique de traitement.
2. Les solutions modernes non invasives
Depuis plusieurs décennies, des alternatives aux méthodes traditionnelles ont vu le jour. Ces solutions reposent sur des principes physiques différents et n’impliquent pas de travaux destructeurs. Elles se présentent principalement sous deux formes : les systèmes électromagnétiques (ATE) et les systèmes géomagnétiques (ATG).
2.1 Les appareils électromagnétiques (ATE)
Un appareil électromagnétique fonctionne grâce à une alimentation électrique. Il émet un champ électromagnétique à très basse fréquence. Ce champ agit directement sur l’eau présente dans les murs.
Chaque mur génère naturellement une différence de potentiel électrique avec le sol, ce qui favorise la montée de l’humidité. L’ATE vient perturber ce phénomène. En émettant son champ électromagnétique, il inverse la polarité de l’eau contenue dans les matériaux. Les molécules d’eau se réorientent alors et redescendent progressivement vers les fondations.
Le résultat attendu est un assèchement progressif et naturel des murs, sans intervention destructrice ni modification de la structure. Ce processus demande du temps, car l’humidité accumulée dans la maçonnerie s’évacue lentement. L’installation reste toutefois simple : l’appareil est posé dans le bâtiment et fonctionne en continu, tant qu’il est alimenté électriquement.
2.2 Les appareils géomagnétiques (ATG)
Les systèmes géomagnétiques se distinguent par leur autonomie. Contrairement aux ATE, ils ne nécessitent aucune alimentation électrique. Ils utilisent les champs magnétiques naturels de la Terre pour influencer la migration de l’eau dans les capillaires des murs.
Leur mise en place est simple et ne demande pas de raccordement. Ils agissent de manière passive, sans entretien. Toutefois, il est important de rappeler que les ATG ne sont pas destinés à remplacer les ATE. Ils sont utilisés uniquement dans les situations où l’installation d’un ATE est impossible. Cela peut être le cas dans certains bâtiments dépourvus d’électricité permanente ou lorsque des contraintes techniques empêchent la pose d’un appareil électromagnétique.
En résumé, l’ATG constitue une solution alternative, mais il n’est envisagé que par défaut, lorsque l’ATE ne peut pas être installé.
2.3 Points communs entre ATE et ATG
Malgré leurs différences de fonctionnement, les deux types de systèmes présentent des similitudes :
- Ils sont non invasifs.
- Ils ne nécessitent pas de percement, d’injection ou de tranchée.
- Ils permettent une installation sans perturber l’usage normal du bâtiment.
Ces caractéristiques expliquent pourquoi ces solutions modernes intéressent de plus en plus dans les projets de rénovation où les travaux lourds sont difficiles à envisager.
3. Précautions avant de choisir une solution
3.1 Le rôle indispensable du diagnostic
Avant d’opter pour une technique, il est impératif de confirmer qu’il s’agit bien de remontées capillaires. Une infiltration de façade ou une condensation excessive produisent aussi de l’humidité mais demandent des solutions complètement différentes.
Un diagnostic fiable passe par une observation visuelle, des mesures instrumentales et parfois des analyses en laboratoire pour évaluer la teneur en eau et la présence de sels minéraux.
3.2 Adapter la méthode au bâtiment
Chaque bâtiment possède ses propres contraintes. Dans une maison ancienne aux murs fragiles, une coupure de capillarité peut s’avérer trop risquée. Dans une construction neuve, cette même technique peut être intégrée sans problème.
De même, l’absence d’électricité rend impossible la pose d’un appareil électromagnétique (ATE), ce qui conduit alors à envisager un ATG. Le choix doit donc être raisonné en fonction du contexte et des besoins spécifiques.
3.3 Accepter un processus lent
Il est essentiel de comprendre qu’aucune méthode n’entraîne un assèchement immédiat. Les murs mettent toujours du temps à sécher. L’humidité contenue dans l’épaisseur des matériaux ne disparaît pas en quelques jours mais s’évacue sur plusieurs mois, voire sur plusieurs années selon les cas.
Il faut également prévoir un suivi régulier afin de contrôler l’évolution de l’humidité et vérifier l’efficacité du traitement choisi.
4. Limites des solutions existantes
4.1 Pas de solution miracle
Il est important de rappeler qu’il n’existe pas de solution unique et instantanée. Chaque méthode agit différemment et doit être choisie avec discernement.
4.2 Ventilation et hygiène
Même si les remontées capillaires sont traitées, une mauvaise ventilation intérieure peut toujours entraîner de la condensation et favoriser les moisissures. L’assèchement des murs n’exonère donc pas de la nécessité de maintenir une aération correcte.
4.3 Complémentarité des approches
Dans de nombreux cas, une combinaison de solutions se révèle la plus pertinente. Par exemple, un drainage périphérique peut être associé à des enduits adaptés, ou un système électromagnétique peut être complété par une reprise des revêtements intérieurs.
Conclusion
Les remontées capillaires sont un phénomène complexe qui touche de nombreux bâtiments. Plusieurs solutions existent pour y faire face. Les méthodes traditionnelles incluent le drainage, l’injection de résines et la coupure de capillarité, souvent associées à l’application d’enduits spécifiques. Les solutions modernes, représentées par les systèmes électromagnétiques (ATE) et géomagnétiques (ATG), offrent une alternative non invasive.
Il convient de rappeler que l’ATE est la solution prioritaire parmi ces dispositifs. L’ATG, quant à lui, ne doit être envisagé que si l’installation d’un ATE est impossible. Dans tous les cas, un diagnostic rigoureux reste la première étape indispensable, afin d’adapter le traitement au bâtiment et de garantir une gestion cohérente du problème d’humidité.